mercredi 11 décembre 2013

Communiqué de Marie-Françoise Bechtel, Députée de l'Aisne et Vice-présidente du MRC, mardi 10 décembre 2013.

Moins consensuelle que l’intervention au Mali, l’intervention française en Centrafrique était pourtant inévitable. Mais dans quel contexte et à quel prix ?

Il ne s’agit pas cette fois d’une lutte frontale contre le terrorisme. Il s’agit d’une intervention, également autorisée par l’ONU, dans un conflit interne qui oppose des milices de groupes armés entre elles, sans Etat capable de remettre de l’ordre et de protéger son peuple. L’opération a déjà fait deux morts et il est à redouter que nos soldats restent très exposés, intervenant au sein même de la population où il faut désarmer les uns en empêchant les autres de 
se livrer à des lynchages.

La charge ainsi laissée à la France, les sacrifices en vies humaines qu’elle seule est amenée à consentir, posent une fois 
encore la question de la démission européenne vis-à-vis d’un continent pourtant essentiel à son avenir. Aujourd’hui l’Europe est toujours présente, pour ne pas dire intrusive, dans les politiques nationales, toujours prête à guider les nations développées qui la composent vers des objectifs qu’elles n’ont pas décidés. Mais lorsqu’il s’agit d’aider les nations faibles avec lesquelles elle est liée par l’histoire, sans parler de la proximité, l’Europe n’a soudainement plus de volonté d’agir.

A l’heure où la France affronte des risques considérables pour l’
intérêt commun, elle est fondée à exiger une déduction de nos dépenses militaires du calcul bruxellois de notre déficit. En aura-t-elle la volonté ? Ce serait bien le minimum.

mardi 10 décembre 2013

Pour une autre Europe


Pour le Mouvement Républicain et Citoyen, l’Europe est un enjeu majeur. C’est une des clés de l’avenir de la France. D’autant que nous ne confondons pas ces deux avenirs. Oui, à nos yeux le futur de la France, comme celui des autres nations de l’Union Européenne, si elles le décident, doit être pensé en premier lieu pour lui-même. La France, nation politique, nourrie d’un passé dans lequel elle a su montrer la voie de l’émancipation des peuples, n’est pas « finie », ainsi que Jean-Pierre Chevènement a su le montrer dans une approche combinant l’histoire lointaine, l’histoire proche et l’analyse politique,
Cela veut-il dire que l’Europe ne jouerait pas un rôle essentiel dans la construction de notre futur ? Certainement pas. Mais la seule approche qui vaille de la question européenne est celle d’une lecture à la lumière de chacune des nations qui la composent. Par là même, notre approche est celle d’une construction de l’Europe qui ne tourne pas le dos aux nations.
Nous touchons là à un identifiant essentiel de notre mouvement depuis sa création en 1992. Pour le MRC, la question européenne, fondamentalement liée à la question de la souveraineté, est indissociable de la question de la Nation. Corollaire : c’est en l’Etat que réside selon nous le pouvoir légitime de représenter le peuple et de négocier en son nom. Il y a là une position fondatrice, celle-là même qui distingue le MRC des autres partis de gauche que ce soit le PS, EELV, le PC, le Parti de gauche ou le PRG.
De cette position de principe découlent nos analyses, notre engagement et nos propositions. Nous avons une ambition pour l’Europe. Mais cette ambition n’est pas un rêve déconnecté des réalités. Nous voulons nous confronter avec les faits sans pour autant en tirer la conclusion que seule la résignation ou l’irréalisme seraient possibles.
Tel est le pari du MRC.
I/ Il y a une question européenne : elle ne devrait plus être niée par qui que ce soit.
Nous nous trouvons aujourd’hui à un tournant historique qui se fonde sur un paradoxe : en France, et à rebours de l’opinion majoritaire, les partis sont pour l’essentiel dans le déni.
Les partis européistes, en premier lieu le PS et l’UMP, sont si longtemps restés dans la dénégation des vices fondamentaux de la construction européenne qu’ils peinent à sortir de la croyance aveugle. C’est là d’ailleurs un trait marquant de la politique française au tournant des années 1990 : Maastricht aura sanctionné la rencontre des deux principaux partis de notre pays autour de l’Europe et du marché. Or il sera impossible de dessiner un futur européen si l’on ne prend la mesure de ces défauts. C’est le principal obstacle auquel se heurte toute véritable avancée sur la question européenne.
Si l’UMP n’a pas changé d’un iota depuis le choix de la soumission à la volonté allemande fait par le président Sarkozy, on sent au Parti socialiste plus de déchirement devant les développements néfastes les plus récents de la construction européenne. Mais il lui reste beaucoup à clarifier : peut-on mettre sa foi dans un budget fédéral qui sanctionnerait une intégration plus poussée alors que les besoins de financement des différents pays sont structurellement différents de par leur démographie, leur système de transferts sociaux ou tout simplement leur situation économique ? Peut-on se contenter de pointer au passage les effets négatifs de l’euro cher — prise de conscience nouvelle et en elle-même positive — en évitant d’analyser les erreurs de la monnaie unique et la profondeur de la crise qui frappe la zone euro ?
Répondre à ces questions par des avancées vers plus d’Europe, plus d’Europe fédérale, une Europe de l’intégration solidaire ne conduit qu’à l’impasse. Il s’agit d’une fuite en avant : on connaît le remède avant de poser le diagnostic.
On voit bien se dessiner à gauche une alternative à l’européisme du PS –tous courants confondus. C’est l’approche par l’ « Europe des peuples » du PCF, de J.L. Mélenchon et d’une partie d’EELV. Mais où mène cette Europe réduite au sans frontiérisme — avatar de l’internationalisme — des travailleurs et des laissés pour compte de la crise ? Cette approche pèche par manque de perspective politique et, quoique fondée sur une juste critique de l’euro, elle ne débouche sur aucune proposition alternative crédible. De même que l’européisme socialiste nie la nation, l’ « Europe sociale », et « anti-patriarcale » du Front de gauche nie l’Etat en refusant d’y voir le protecteur naturel des plus faibles et le porteur légitime de la souveraineté nationale. Pour qui veut faire une Europe des peuples l’Etat est un passage obligé : voilà ce qui nous différencie de l’approche du Front de Gauche.  
Quant au PRG inutile d’épiloguer sur sa vision constante d’une Europe fédérale « plus intégrée, plus citoyenne » dotée d’un gouvernement et notamment d’un ministre des affaires étrangères européen qui persisterait à prolonger l’idéal impraticable et dangereux des pères fondateurs. Comme les mouvements centristes du Modem et de l’UDI, il ne parvient toujours pas à tirer les conclusions pourtant évidentes des résultats réels d’une construction européenne rêvée. On remarque certes aujourd’hui un doute chez une partie des centristes, ceux qui étaient attachés à la cohérence d’une Europe faite pas à pas par l’harmonisation progressive des systèmes. Mais cette critique de l’état actuel de l’Union Européenne est le fait de cercles de pensée et rarement des partis eux-mêmes.
On voit enfin se dessiner à droite une alternative à l’européisme de l’UMP. Le Front national, dans sa version « Bleu Marine », devenue dominante, s’alimente au constat de l’échec européen. Il y trouve toutes les denrées
nécessaires au véritable détournement des valeurs patriotiques auquel il se livre de façon de plus en plus systématique : la constante propension des instances de l’Union Européenne à promouvoir les marchés financiers lui permet de renouer non sans gourmandise avec la détestation des élites mondialisées qui fut un des fonds de commerce de l’extrême-droite avant 1940 ; l’ouverture des frontières lui offre un boulevard pour se concentrer sur les risques d’une immigration incontrôlée ; le déclin des valeurs nationales, telle la laïcité, accentué par leur dilution dans un « espace » sans identité, est l’occasion permanente de stigmatiser l’islam. En bref si l’UE n’était pas ce qu’elle est, jamais le FN n’aurait l’audience qu’il a dans notre pays. Et cela vaut pour la montée de l’extrême-droite dans toute l’Europe.
Nous sommes, nous, au contraire, pour une analyse sans concession des graves dérives qui ont marqué la construction européenne. Nous pouvons parler aujourd’hui d’un véritable tournant historique, celui de la prise de conscience par une majorité de nos concitoyens que l’évolution de la construction européenne, cela ne va pas. L’opinion sent confusément que le système complexe auquel les Etats ont consenti n’est pas le bon. C’est pourquoi il faut analyser cette évolution historique et, c’est un devoir militant, la rendre lisible.
Dérive initiale, celle de l’Europe des pères fondateursii : la « méthode inductive » qui devait conduire à une intégration de pays comparables par leur niveau économique et social a débouché sur un édifice complexe dans lequel la bureaucratie de la Commission a rapidement pris le pas. N’oublions pas que la tentation de subordonner les Etats date de cette période, avec les arrêts de la Cour de Justice des communautés européennes selon lesquels la construction européenne constitue un ordre juridique souverain qui s’impose aux Etats nationaux ».
Dérive seconde : l’élargissement au-delà de 15 aux 27, puis aux 28, intégrant des zones appelées à se faire une véritable concurrence interneiii, sans réelle recherche d’une cohésion économique et sociale, avec des pays de l’Est tout tournés vers le grand large comme l’a montré la guerre d’Irak et producteurs d’une immigration incontrôlée soit à la source soit comme zones de passage. Ils sont aujourd’hui les plus âpres défenseurs avec le Royaume-Uni, du libre-échangisme total. Cet élargissement est ainsi le contre-modèle de l’Europe « de l’Atlantique à l’Oural » à laquelle l’Histoire n’a pas — et c’est grand dommage — consenti.
Dérive troisième, la plus grave : la création d’une monnaie unique, absurdité qui a ligoté des économies à la fois hétérogènes et concurrentes, endommagé gravement la compétitivité des pays du Sud, dont la France, et conduit aujourd’hui dans une course effrénée vers un improbable salut. Le « sauvetage de la zone euro », qui semble relever de la doctrine de la foi tout en servant les intérêts politiques de l’Allemagne, précipite l’Europe ou ce qu’il en reste dans l’impasse de la récession.
Encore faut-il ajouter à ce constat le poids décisif qui a été celui du triomphe du capitalisme financier. Appuyés sur le vent puissant de l’idéologie libérale, boostés par l’effondrement de l’URSS, les marchés « ouverts » ont installé une prédation sans frein qui a asphyxié l’économie réelle. La « concurrence libre et non faussée », élargissant les marchés, ouvrant les entreprises européennes aux OPA de toute nature, prohibant sévèrement les interventions publiques, cassant les services publics, tend aujourd’hui à achever la déconstruction des Etats nations. Ce biais puissant de la mondialisation libérale qui ne résulte pas directement des structures institutionnelles de l’Europe s’est ajouté à leur effet négatif. Abandon de l’Etat et de la Nation avec, aux commandes, une élite hors sol chez laquelle l’idéologie ultra libérale empruntée au modèle anglo-saxon se conjugue avec l’obsession germanique des dangers de l’inflation et débouchant sur une vision faussée des conditions de la prospérité de demain. Voilà la situation actuelle.
L’Europe a ainsi été construite depuis plus de trente ans sur un triple déni : déni de souveraineté, déni de prospérité et déni de démocratie.
Et ce serait cette Europe-là que l’on demanderait aux peuples d’accepter ? Passe encore, si l’on est cynique, que la démocratie des décisions y perde si la prospérité était assurée. Mais le referendum sur la « Constitution européenne » l’a bien montré : notre peuple — comme d’autres sans doute — a bien compris que l’un et l’autre y perdraient gravement et simultanément. Fait remarquable : cette prise de conscience a été majoritairement celle de la tranche d’âge des 18-25 ans.
La prise de conscience de l’opinion française trouve un écho de plus en plus fort dans l’euroscepticisme qui monte en Europe, chez des peuples soumis à des gouvernements sans pouvoirs dans une Europe sans gouvernement.
Conclusion : connaître la force des obstacles
Avec J.P. Chevènement, nous avons analysé depuis 20 ans les erreurs, les blocages et pour finir, depuis le Traité sur la croissance et la gouvernance (TSCG) adopté — contre notre vote — en 2012 , les tendances suicidaires d’une Europe qui s’enfonce dans le crépuscule des idoles financières, d’une technocratie sans vision, sans ambition et sans patriotisme, fût-il européen. Une Europe qui organise sa propre impuissance dans un monde où jamais la souveraineté de nations puissantes ou l’influence d’aires de civilisation n’a été plus impérieuse.
L’ « Europe européenne » du général de Gaulle, est-elle un rêve dépassé ?
Nous préférons rechercher avec quels moyens la construire demain même si nous savons que l’UE d’aujourd’hui se caractérise par une interdépendance dont il faut aussi prendre la mesure.
II/ Notre Europe, c’est une autre Europe
La « confédération européenne » du plan Fouchet était, nous l’avons souvent souligné, une idée forte. Elle a trouvé un écho affaibli dans l’idée de « coopérations renforcées » censée offrir une alternative intergouvernementale aux solutions de type fédéraliste.
Il y a certainement là une piste pour une réorientation de l’Europe. L’exemple du « deuxième pilier », celui de la PESC (défense et politique étrangère) est parlant : on voit très bien comment il a été impossible — et fort heureusement — d’ « intégrer » des actions autres que mineures dès lors que les intérêts nationaux des Etats membres ne sont pas convergents voire compatibles.
Mais est-ce d’une Europe réorientée dont nous avons besoin aujourd’hui ou devons-nous concevoir une ambition plus forte ? La question mérite d’être débattue.
A/ Des vertus d’une Europe réorientée
Il s’agirait d’abord de traiter l’urgence : la crise de la zone euro.
1/ L’urgence, en cas de nouvelle crise de l’euro (en Espagne ou en Italie par exemple) serait de faire intervenir la BCE pour acheter directement des titres de dette publique à dix ans (en tout cas l’annoncer aux marchés pour dissuader la spéculation), lancer une politique d’acquisitions d’actifs par la banque centrale (quantitative easing) pour faire baisser le cours de l’euro, articulée avec un plan de relance à l’échelle européenne, ayant pour objectifs explicites la croissance et l’emploi , ce qui conduit à revoir les statuts de la à BCE.
2/ Si aucun accord ne se dessinait pour faire de la BCE une banque centrale comme les autres, il deviendrait nécessaire de négocier avec tous les partenaires européens- et d’abord l’Allemagne qui détient la clé d’une opération « ordonnée » de mutation de l’euro, de monnaie unique en monnaie commune, en se fixant l’objectif pour celle-ci d’une quasi-parité avec le dollar. Au sein d’un Système Monétaire Européen bis de nouvelles parités seraient fixées pour corriger les écarts de compétitivité (réévaluation pour l’euromark, dévaluations plus ou moins limitées pour les autres monnaies).
Un plan d’aide correspondant à une tranche du Mécanisme Européen de Stabilité (à fixer) serait mis en oeuvre pour aider les pays les plus fragiles à supporter le choc d’une dévaluation.
Il s’agit d’un double ajustement, rétablir les monnaies nationales au sein de la zone euro qui fluctueraient entre elles mais seul l’euro serait convertible avec les autres devises. Ainsi, les monnaies s’ajusteraient à la compétitivité réelle de chaque pays. Cela permettrait à certains pays, dont le nôtre, de retrouver un niveau de prix concurrentiel à l’exportation.

Compte tenu des politiques d’assouplissement monétaire menées par les grandes puissances, en particulier par les Etats-Unis, préserver l’économie européenne requiert nécessairement de retrouver un cours de l’euro ne pénalisant pas la compétitivité de nos entreprises.

Si l’Allemagne refusait aussi bien le plan A (revoir le rôle de la BCE) que le plan B (mutation ordonnée de l’euro de monnaie unique en monnaie commune), elle prendrait la responsabilité d’un éclatement sauvage de la zone euro.

Si l’Espagne était contrainte à la sortie (avec une dévaluation compétitive), la France devrait l’accompagner dans ce choix. Ce serait la survie de notre industrie qui serait en jeu.
Si l’Allemagne refusait une remise en ordre négociée dans l’intérêt européen, les autres pays seraient amenés à en tirer les conséquences.

3/Il conviendrait ensuite de procéder à une révision des Traités européens qui :
promouvrait les coopérations renforcées. Elles permettraient d’adopter — par un mécanisme revu de celles-ci —, un plan de relance pour l’ensemble de la zone euro et permettraient à certains Etats de conduire ensemble des projets d’envergure (modèle : Airbus) en matière de développement économique, de recherche, d’infrastructures (avec des ambitions particulières au niveau des énergies décarbonées
«made in Europe »), des transports ou encore de la surveillance des côtes).
reviendrait, dans le cadre d'un traité modificatif, sur certaines clauses des traités actuels :
En s’assurant d’une prévalence du Conseil sur la Commission ;
En revoyant le mode d’adoption des décisions les plus importantes avec restauration de la règle de l’unanimité ;
En révisant la police budgétaire attribuée à l’Union européenne par le TSCG, ainsi que les cinq règlements et la directive de l’Union européenne (le«six pack»et le«two pack»)avec prise en compte des exigences particulières de certains pays en matière de défense nationale (dissuasion

nucléaire, pays à frontières fortement vulnérables à l’immigration clandestine ou pays ayant des frontières avec des pays en belligérance). Au-delà il faut aussi obtenir que les investissements d’avenir soient exclus du calcul des déficits publics ;
En remettant en cause le principe de la«concurrence libre et non faussée»qui prohibe toute aide publique sélective et, plus généralement, les clauses du Traité permettant le dumping social et se référant à une définition insuffisante du périmètre et des prérogatives du service public.

B/ Une Europe autre, tout autre
C’est l’alternative la plus ambitieuse. Elle est au niveau de nos exigences et, osons-le dire, de nos analyses de longue portée. Elle peut être portée par une crise, envisagée ci-dessus, qui proviendrait du refus de l’Allemagne de négocier dans le sens de l’intérêt européen. En tout état de cause, quel que soit l’état de crise ouverte ou larvée comme aujourd’hui que vit l’Europe, convaincre l’Allemagne est un passage obligé.
L’Allemagne aujourd’hui a (re)trouvé la place à laquelle elle aspire depuis si longtemps : première puissance d’Europe et puissance économique mondiale. Pays central dans tous les sens du terme, elle s’appuie sur sa réunification, ses relations privilégiées avec l’Europe orientale et une croissance portée par sa puissance exportatrice. Les Allemands payent, pour cela, un prix certain jusqu’ici consenti. Dans l’UE et la zone euro, ils défendent leur intérêt national.
La France doit, elle aussi, assumer son intérêt national, pour son peuple, pour son avenir mais aussi au bénéfice, à moyen et long terme, de l’Europe, de l’Allemagne elle-même et de la paix. Elle doit parler franc et fort à l’Allemagne : c’est la garantie de l’indispensable travail commun.
Elle sera d’autant plus convaincante qu’elle saura avancer fermement sur la voie de la réindustrialisation, développer ses atouts propres et trouver des alliés en Europe et à l’extérieur autour de la nécessaire croissance à retrouver. Celle-ci devra s’accompagner prioritairement d’une parité monétaire acceptable avec les autres régions du monde mais aussi de l’établissement de protections raisonnables tenant compte des différences sociales et environnementales des conditions de production.
Mais ces conditions d’une prospérité retrouvée en Europe ne peuvent se faire à institutions constantes ou à peine réformées. Aujourd’hui en effet certains pays bloquent tout ce qui peut aller dans le sens d’un redressement volontariste de la zone Europe. Une volonté nouvelle doit s’appuyer sur de réelles possibilités de changement. L’ architecture même du Traité y fait aujourd’hui obstacle.
1/ Une réécriture plus fondamentale que celle envisagée ci-dessus des traités européens rechercherait une Europe remise sur ses pieds pour obtenir une Union intergouvernementale : décisions les plus importantes prises à l’unanimité du Conseil, réduction de la Commission à un organe d’exécution, maintien du Parlement comme émanation des Parlements nationaux, suppression de la Cour de Justice Européenne et remplacement par une cour arbitrale pour les conflits entre États. La révision des statuts de la BCE dépend quant à elle des différentes hypothèses de crise de la zone euro mais la sortie programmée de la zone euro (plan B) fait naturellement partie de cette Europe « autre ». Il ne faut cependant pas s’interdire une révision des mécanismes institutionnels de l’UE dans le cas où l’euro serait maintenu avec au minimum mise en oeuvre du plan A : sans celui-ci, refaire une Europe institutionnelle n’aurait aucun sens.
Une refonte large des Traités constitutifs, qui a déjà été entreprise avec le concours de militants du MRC, pourrait servir d’appui à notre réflexion: que ne pouvons-nous plus accepter en Europe ? Avec quels éléments du Traité peut-on trouver un compromis ? Un atelier « Pour un nouveau Traité européen » devrait être mis en place sur cette base.
2/ Serait inévitable la modification du périmètre de l’UE avec la constitution d’un cercle de pays prêts à accepter le nouveau Traité et à aller de l’avant dans des coopérations intergouvernementales vers lesquelles auraient basculé l’essentiel des compétences. Dès lors que le Traité nouveau constitue un cercle de démocratie, respectueux des souverainetés, s’engageant sur une intégration en certains domaines, il n’y aurait aucun inconvénient à élargir ce cercle.
3/ L’institution de traités de partenariat avec d’autres zones du monde (Russie, Maghreb, Turquie, Moyen-Orient et Amérique latine, sans oublier l’Afrique où se joue une part de notre avenir) accompagnerait cette rénovation. Plus réaliste et plus ambitieuse à la fois que la PESC, cette voie permettrait une véritable réémergence de la zone européenne dans le monde multilatéral en lieu et place de la recherche laborieuse d’un accord sur les questions diplomatiques, d’ailleurs totalement irréaliste, sur les grands enjeux (tel le Moyen-Orient). Les partenariats seraient économiques et culturels, la question des accords commerciaux étant complexe dans le jeu de l’OMC auquel l’Europe seule ne pourra s’opposer totalement mais dans lequel elle pourra peser comme elle le fait dans le cadre des futures négociations transatlantiques pour défendre l’exception culturelle. On ne refera sans doute plus les accords de Lomé mais l’Europe pourrait exiger ses accords spécifiquement dévolus au développement de l’Afrique subsaharienne.

4/ Une négociation sur la régulation monétaire internationale serait un acte essentiel de cette Union rénovée. A la condition stricte que soit créée une Europe véritablement intergouvernementale, avec décision à l’unanimité, il serait utile de créer un « G6 » ad hoc, dans lequel les Etats de la zone euro parleraient d’une seule voix aux autres puissances monétaires (Etats-Unis, Chine, Japon, Royaume-Uni, Russie).

Sur un plan général, toute délégation à l’UE dans le cadre de négociations internationales doit être subordonnée à un accord des gouvernements sur la position à défendre.
iLa France est-elle finie ?, Fayard 2011.
J.-P. Chevènement, La faute de M. Monnet.
iii Sans compter l’intégration en 1972 du Royaume-Uni, cheval de Troie de l’atlantisme devenu le principal pourvoyeur idéologique du libéralisme et du capitalisme financier qui devait faire tant de mal à l’Europe à compter des années 80.

iv Textes contraignant ses Etats-membres à appliquer une politique libérale de stricte rigueur budgétaire, à défaut de laquelle ils sont lourdement sanctionnés.

à l'attention de tous les militants MRC



Chers camarades,
La Convention nationale pour une autre Europe, qui a réuni 167 participants (dont 111 délégués) à Paris, le 30 novembre 2013, a voté les 3 résolutions suivantes :
1-à l'unanimité moins 4 abstentions,

adoption du texte Pour une autre Europe tel que proposé par la direction nationale après intégration de divers amendements communiqués par les fédérations et les unions régionales (voir PJ) ;
2-à l'unanimité moins 1 abstention,

présentation de listes aux prochaines élections européennes constituées par le MRCet potentiellement ouvertes aux citoyens sans affiliation partisane ;

3-avec 108 voix pour, 1 voix contre et 2 abstentions

mandat est donné au Secrétariat national élargi (SNE) pour investir les candidats et les têtes de liste dans les meilleurs délais, après un appel à candidature interne clos le 17 décembre 2013.

En conséquence, le SNE se réunira le mercredi 18 décembre 2013 et tout militant souhaitant figurer comme tête de liste ou comme simple candidat sur les listes citoyennes présentées par le MRC aux prochaines élections européennes doit se déclarer par courriel adressé au plus tard le mardi 17 décembre 2013à  esteban.piard@mrc-france.org,avec copie à contact@mrc-france.org, au coordinateur de circonscription concerné et au Premier secrétaire départemental ou régional dont il relève. 

Le respect de la date limite du 17 décembre 2013 est impératif.
Amitiés citoyennes,
Eric MARTIN
Secrétaire national aux fédérations et aux comités


MRC – 3 avenue de Corbéra – 75012 Paris
Téléphone : 01 55 78 05 40 – Télécopie : 01 55 78 05 50
ATTENTION : l'adresse mouvementrepublicaincitoyen@orange.fr n'est plus active merci de ne plus l'utiliser







Salariés détachés: injustice et désordres dans l’Union Européenne Par Thierry Rochefort, délégué national au travail, lundi 9 décembre 2013.

Depuis 1996, selon une directive européenne, une entreprise établie dans un pays de l’Union Européenne peut détacher des travailleurs dans un autre Etat de l’UE pour y fournir un service pendant une période limitée. Dans ce cas l’entreprise étrangère peut appliquer les règles de son pays d’origine, sauf en ce qui concerne un noyau dur de règles protectrices clairement définies pour lesquelles s’applique le droit du travail du pays d’accueil,notamment les règles salariales. 

L’application de cette directive ne fonctionne pas pour au moins trois raisons :
- Conçue avant l’élargissement à l’Est, dans une situation ou les écarts de conditions sociales étaient acceptables, la directive n’est plus en état de jouer son rôle de protection dans un espace ouvert peu harmonisé 
  • Conçue initialement pour des métiers techniques spécialisés et qualifiés n’existant pas sur place, la directive s’étend désormais aux emplois non qualifiés, particulièrement dans le bâtiment et la restauration. 
  • - Conçue pour une période temporaire courte, la pratique montre des périodes de détachement très longue notamment sur les grands chantiers. 

En plus de ces défauts de conception, la Cour de justice s’est lancée dans une interprétation de plus en plus libérale. Elle a autorisé par exemple en 2008, une entreprise de construction polonaise à payer ses ouvriers détachés en Basse-Saxe moitié moins que le salaire minimum en vigueur dans le secteur du bâtiment du Land, sous prétexte qu’il ne s’agissait pas d’un SMIC national.

Comme l’on montré les rapports parlementaires Savary et Bocquet, des situations proches de l’esclavagisme moderne se sont développées sur le territoire national en dépit des alertes répétées des organisations syndicales confrontées aux plaintes des salariés étrangers et français et à la montée des tensions entre ouvriers, susceptibles d’ouvrir la voie à tous les dérapages.

Désormais en France, tout le monde reconnaît que 350 000 travailleurs sont dans une situation de surexploitation, générant sur le territoire national un dumping social quasi généralisé notamment dans le bâtiment. 

L’extrême-droite profite de ce désordre pour remettre en cause le principe général de libre circulation des travailleurs en se trompant de cible. En l’occurrence en effet, la question n’est pas celle de libre circulation, mais celle de la libéralisation de la prestation de service et de la concurrence déloyale qui peut en découler. Pour preuve, des entreprises de travail temporaire luxembourgeoises, sans activité réelle sur ce territoire, recrutent aujourd’hui des travailleurs français affiliés au régime local avant de les détacher vers une société française.

Pour améliorer la directive de 1996, les gouvernements français allemands, belges et italiens veulent renforcer les contrôles dés qu’il y a présomption de fraude et proposent que chaque pays puisse fixer lui-même les documents nécessaires que l’ont peut exiger d’une entreprise détachant des travailleurs. De manière plus volontariste encore, Paris plaide pour la responsabilité solidaire du donneur d’ordre et des sous-traitants. Un jugement très récent en France vient d’ailleurs de condamner une entreprise du bâtiment en tant que maître d’ouvrage.

Cependant, compte tenu des rapports de force en Europe et des tropismes libéraux de la Commission, il y a a peu de chances que le projet français aboutisse ou alors dans une version édulcorée, la seule à laquelle Pologne pourrait se rallier. 

L’alternative est claire. Si l’Europe ne protège pas ses citoyens et les salariés, le devoir des Etats est d’agir sans attendre. D’ores et déjà, un plan « B » est en cours de rédaction à l’initiative de Gilles Savary. Nous enrichirons ce texte lorsqu’il viendra en discussion à l’Assemblée Nationale. Mais au delà de ce dossier précis nous voyons bien la nécessité de remettre l’Europe sur ses pieds en partant des nations et des intérêts du plus grand nombre. Gageons que nous en reparlerons à l’occasion des élections européennes de Juin. 


09/12/2013



mardi 26 novembre 2013

Jean-Luc Laurent question à M. le Premier ministre

Monsieur le Premier ministre, les cartes sont redistribuées en Europe. Ce qu’on appelait le miracle allemand, le modèle allemand, cette politique prétendument vertueuse et solidaire dont toute l’Europe devait s’inspirer, apparaît sous un jour nouveau. Les choix de l’Allemagne sont sous le feu d’une double critique. D’abord, le Trésor américain a rappelé leur danger pour l’économie mondiale. Ensuite, la Commission européenne, dans un accès de lucidité, vient de demander l’ouverture d’une enquête sur les excédents allemands qui déstabilisent l’euro bien plus que les errements grecs de naguère.

Les excédents commerciaux allemands sont certes le fruit d’un solide et séculaire modèle économique et social, mais ils résultent aussi d’une politique de déflation compétitive agressive, dépressive, solitaire et non-coopérative. Cette politique révèle les défauts originels de la monnaie unique, conduit l’Europe dans une impasse économique et nous pousse vers la déflation. L’Allemagne n’a pas à s’excuser d’avoir des entreprises performantes quand le patronat français choisit plutôt le créneau de la jacquerie (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), mais, par le dialogue et dans l’intérêt de tous – d’abord dans le sien –, l’Allemagne doit réévaluer son modèle et les politiques d’austérité qu’elle impose aux autres.

Les Allemands ont voté en septembre. L’accord de coalition prévoit la création d’un salaire minimum, ce qui témoigne d’une prise de conscience que le rapport de force électoral a facilitée.

Monsieur le Premier ministre, les députés du MRC sont partisans d’une réorientation en profondeur de la construction européenne et demandent qu’on mette fin à l’indifférence au taux de change d’un euro trop fort et trop cher. Monsieur le Premier ministre, comment envisagez-vous le dialogue franco-allemand au cours de cette année 2014 qui sera décisive pour l’Europe ?

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre
Monsieur le député, vous avez raison de dire que nous entrons, que nous devons entrer dans une nouvelle étape. Le Président de la République, dès sa prise de fonctions, le 15 mai 2012, a immédiatement agi pour la réorientation de l’Europe dans le sens de la croissance.

Nous avons réussi, ensemble, à stabiliser la zone euro. Je vous rappelle qu’il y a un peu plus d’un an on se demandait même si l’euro allait survivre ! Nous sommes maintenant entrés dans une nouvelle phase, avec de nouvelles perspectives de croissance, pour la France et pour l’Europe, mais il faut aller plus loin.

Effectivement, nous avons, au lendemain des élections allemandes, l’occasion d’une vraie discussion, pas seulement avec l’Allemagne mais aussi avec l’Allemagne, sur la réorientation de l’Europe. Ce qui se passe en ce moment est une chance à saisir. Le Président de la République, lors de sa dernière conférence de presse, a fait, vous vous en souvenez, toute une série de propositions sur l’avenir de la zone euro : accélération de l’union bancaire, qu’il faut absolument réussir, meilleure coordination des politiques économiques, volonté de créer une Communauté européenne de l’énergie.

Voilà un cadre, voilà une base, mais il faut passer, évidemment, à l’étape que vous évoquez. La Commission européenne a donné un avis sur les politiques économiques de tous les gouvernements. C’est utile, et il faut en effet éviter les distorsions de compétitivité. Vous avez salué les efforts faits, et nous n’allons pas nous plaindre que l’industrie allemande soit vigoureuse, qu’elle soit compétitive, qu’elle soit exportatrice, mais il faut aussi davantage d’harmonisation, en particulier sur le plan social. Même si nous sommes un marché unique, même si nous appartenons à la même zone monétaire, il ne faut plus de ces distorsions de concurrence qui s’apparentent, de la part de certains pays, à du dumping social.

Nous ne pouvons que saluer comme un signe positif ce qui se prépare dans le cadre des négociations en vue de la formation d’un gouvernement de grande coalition en Allemagne, autour de la mise en place d’un salaire minimum. En effet, quand certaines de nos activités économiques, je pense à l’agroalimentaire mais aussi à d’autres secteurs, sont en compétition avec des entreprises qui rémunèrent l’heure de travail à trois ou quatre euros, comment voulez-vous que nous soyons compétitifs ? Nous avons nos propres efforts à faire, et c’est ce que nous avons engagé avec le pacte de compétitivité, mais nous ne pouvons pas accepter cette situation sur le plan social.

L’Europe, ce n’est pas seulement la coordination des politiques budgétaires, c’est aussi la coordination des politiques d’investissement, c’est aussi la coordination des politiques sociales, non pas vers le bas mais vers le haut. Si un SMIC est instauré en Allemagne, alors il faut pousser plus loin, pour obtenir un SMIC européen. Il faut également demander la renégociation de la directive « travailleurs détachés », et Michel Sapin, lors de la prochaine réunion du conseil des ministres du travail, n’acceptera pas une modification au rabais .L’harmonisation sociale par le haut est une nécessité, pas seulement pour les droits des travailleurs, d’abord pour les droits des travailleurs, mais aussi pour la croissance.

Et je me réjouis, mesdames et messieurs les députés, qu’il soit prévu, dans la négociation de la grande coalition, qui peut préfigurer d’autres initiatives à l’échelle de toute la zone euro, que la politique s’oriente vers davantage d’investissement, notamment dans l’éducation, notamment dans la recherche, notamment dans les infrastructures.

C’est ainsi que les excédents allemands seront utiles à l’Allemagne et aussi à toute l’Europe. Quand chacun investit davantage dans son pays, c’est toute l’Europe qui en profite. La réorientation de l’Europe est en marche, pour la croissance, pour l’emploi, pour la cohésion sociale.

lundi 18 novembre 2013

Convention pour une autre Europe: participez aux débats du 30 novembre 2013 La Convention Europe du Mouvement Républicain et Citoyen se tiendra samedi 30 novembre 2013 à La Bellevilloise (21 rue Boyer, Paris 20e).



2014 est l’année des élections européennes et le peuple français est appelé à désigner ses 74 députés au parlement européen. Le Mouvement Républicain et Citoyen est d’ores et déjà sur le pont pour préparer cette échéance qui doit être l'occasion d'un grand débat pour une autre Europe. Notre campagne des européennes s'ouvrira avec la Convention pour une autre Europe qui se tiendra à Paris à La Bellevilloise le 30 novembre prochain.

Le texte d'orientations "Une autre Europe" adopté en conseil national est la base programmatique pour le MRC soumise à la discussion des adhérents. La matinée de la Convention pour une autre Europe sera l'occasion de l'enrichir en intégrant, après débat, les amendements proposés par les militants des fédérations et les réunions publiques en circonscriptions avant un vote en fin de matinée.

L'après-midi sera pour nous l'occasion d'échanger en présence des partis de gauche sur la question européenne pour faire vivre un débat qui est de plus en plus majeur pour sortir la France de la crise et lui donner un avenir. Le MRC s’engage dans une réorientation de la construction européenne pour stopper l’austérité, le chômage, les délocalisations, les licenciements qui ruinent notre pays et notre souveraineté. Fort de nos analyses depuis le traité de Maastricht en passant par le traité constitutionnel de 2005 et le TSCG de 2012, nous pensons qu’il est urgent de donner un autre cap à l’Union européenne pour construire une Europe des Nations et non plus des marchés.

Le scrutin de 2014 doit être l’occasion pour chacun de s’exprimer sur une Europe à la dérive et nous entendons y participer pleinement.

mercredi 16 octobre 2013